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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/58

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DE LA SICILE.

d’autres carrosses arrêtés au milieu de cette multitude charmée de la soirée.

La lune éclairait ce quai ; mais à peine fus-je entré dans une rue par une porte triomphale, que je ne trouvai plus qu’une obscurité profonde, quelques lampes s’éteignant devant une madone et de grands palais bien sombres qui me reportaient vers les demeures des Gusman, des Sanche et des Olivarès. On aurait le droit de s’attendre à une aventure, de croire que la duègne va vous accoster, qu’une jalousie va s’entr’ouvrir, enfin que l’amour va faire diversion à la solitude de ces lugubres manoirs.

Il serait aisé d’assigner la cause du bruit continuel qui règne à Palerme, tandis qu’à Naples le tumulte qui dure nuit et jour, n’est produit que par des gens aussi avares de mouvement que de paroles.

Rien n’est si piquant, lorsqu’on met le pied en Sicile pour la première fois, que la mobilité des traits de ses habitans. Un froncement de sourcils, une façon d’allonger le menton, de contracter les narines, composent une conversation animée ; ce sont des demandes ou des réponses claires et positives. Quand la parole