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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/70

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DE LA SICILE.

surent sur l’état de la conscience de ces deux artistes ; ils ne seront jamais accusés, sans doute, d’avoir étudié d’après nature ces groupes de nymphes et de déesses.

Quant à la sculpture, personne ne s’en occupe ; les Siciliens sont demeurés admirateurs exclusifs du Gaggini, statuaire fécond du XV.e siècle.

Palerme a deux théâtres : on joue l’opéra seria sur le premier, Carolino ; dans l’autre, de petites comédies siciliennes, des farces assez ignobles. Un acteur sicilien dont le jeu est plein de naturel, y était fort applaudi ; il excelle dans les niais méchans, caractère qui se rencontre trop souvent par-tout pour n’être pas aisément pris sur le fait. L’opéra d’Iphigénie était alors applaudi avec transport : Achille était représenté par une femme qui chantait merveilleusement bien ; aussi personne ne s’apercevait de la laideur du héros et du costume grotesque de l’armée grecque. Le goût de la musique est aussi vif à Palerme que dans le reste de l’Italie ; l’expression de cette jouissance y est aussi passionnée : on dit toujours, avec le Tassoni : A chi l’armonia non piace, indemoniato o bestiale, e de dire che sia.