Aller au contenu

Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
DE LA SICILE.

monastère, l’admirable végétation de ce lieu, la vue du port et de la ville de Palerme, le bruit lointain d’une cité populeuse et le silence de cette retraite, enfin le contraste de tous ces genres d’intérêts, jettent dans une douce et profonde rêverie. L’âme s’élève dans une région de contemplation et de paix ; elle jouit de cet état passager d’harmonie intime entre le calme de la nature et l’exaltation de la pensée.

Un chemin superbe conduit à l’abbaye de Monréale, à quatre lieues de Palerme ; on traverse la plaine la plus riante, la plus fertile, plantée de palmiers, de caroubiers de platanes ; on y voit aussi le salix, le sambucus, le populus, l’anagyris et le sumac. La montée la mieux ménagée conduit à cette église construite avec tant de luxe par Guillaume II, et dont la plus grande partie a été incendiée en 1811. Des portes de bronze, des voûtes incrustées de mosaïques dorées, cinquante colonnes de granit ou de porphyre, un maître-autel d’argent massif, des tombeaux sans nombre, tout a été la proie des flammes. Je vis dans le couvent, qui a été épargné, un beau tableau de Pietro Novello dit le Monréalese, ami et rival de Van Dyck.