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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/83

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SOUVENIRS

trouvait sur les bords du Pénée, et qu’on y lisait cette épitaphe :

La Grèce est forcée de pleurer la mort de cette Laïs aussi belle que les déesses qui disputèrent le prix de la beauté. Fille de l’Amour, elle fit la gloire de Corinthe sa patrie[1] ; et dans ces champs thessaliens elle n’a eu qu’un sépulcre, lorsqu’on lui devait des autels.

Partenico, Borghetto, ne sont guère plus pittoresques qu’Alcamo, où je n’ai pas trouvé un aspect, une fabrique, qui valussent la peine d’être dessinés. La fondation d’Alcamo, petite ville d’environ dix mille ames, date de l’époque où les Sarrasins s’établirent en Sicile. Elle fut fondée par l’émir Alcamah ou Abd-Alcamah. Ce vainqueur féroce fit, dit-on, piler des Sélinontins dans des vases de bronze. Cette patrie de Ciullo, poète qui florissait avant Frédéric II, est tombée aujourd’hui dans un état de langueur qui doit la conduire à sa ruine. Je voyais à-la-fois dans une chambre au rez-de-chaussée d’une de ces pauvres masures, des enfans malades, une vieille grand’mère, des chiens, des chats, des chèvres et des cochons ; je m’apitoyais sur ce triste spectacle,

  1. Laïs arriva si jeune à Corinthe, qu’elle passait pour être de cette ville.