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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/188

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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

et d’illogisme par ceux qui n’envisagent que la situation

intrinsèque du Canada et les seuls dangers ultérieurs, et réels, de son intervention dans les guerres de l’Empire, je n’ai pas écrit et je n’écrirai pas une ligne, pas un mot, pour condamner l’envoi de troupes canadiennes en Europe.

Il est des circonstances, et celle-ci m’en paraît une, où la logique et même les appréhensions les plus légitimes doivent céder devant les exigences du moment. — (Cf. le Devoir du 15 septembre 1914.)

C’était assez témoigner, semble-t-il, que ses vues sur la question rejoignaient exactement, quant à l’essentiel, celles de l’Action Sociale et, en général, de toute la presse impérialiste. Pour prévenir, cependant, tout malentendu possible à cet égard, il prenait soin de marquer le fait plus formellement encore. J’ai déjà cité, du même article, cette question à l’adresse de M. l’abbé Damours :

Puisque nous aboutissons aux mêmes conclusions, bien que nos motifs diffèrent, pourquoi chercher querelle au Devoir et surtout donner fausse couleur à son attitude ?

Dirait-on, à lire ces lignes, qu’elles sont de la même plume qui allait, depuis, mener contre la participation la lutte incessante et acharnée que l’on sait — et même qui l’avait déjà commencée ?[1] Telle n’en devait pas moins être, l’espace, je l’ai dit, de seize mois encore, la croyance à laquelle prétendrait adhérer le maître, lors même

  1. Voir, par exemple, les cinq articles qu’il publia, du 9 janvier au 14 septembre 1914 sur le rôle de sir Edward Grey durant les deux semaines qui précédèrent la déclaration de guerre ; j’aurai tout à l’heure l’occasion d’en citer quelques passages particulièrement instructifs. — Déjà, le 29 août, histoire sans doute de stimuler nos sympathies pour les Alliés, il ne nous cachait point que, selon lui, c’était vraisemblablement « à Pétersbourg, plutôt qu’à Berlin, » qu’il fallait aller chercher « la responsabilité principale de la guerre… »