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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/135

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Oberlé, les frères Margueritte dans Les Frontières du Cœur, vingt autres auteurs, ont tour à tour, en ces dernières années, exploité le même sujet. Ne l’ont-il pas épuisé ? Il était, en tout cas, curieux de voir ce qu’en pourrait tirer une main canadienne, en transposant dans les âmes et parmi les paysages de chez nous ce duel tragique du devoir et de la passion. C’est ce que M. Hector Bernier a tenté de nous montrer. Encore que l’entreprise n’eût rien de fortement original, elle offrait pourtant matière à un travail digne d’intérêt. Voyons comment notre romancier s’en est acquitté.

Nous regrettons d’avoir à le dire, mais il faut bien tout de même y venir : ce livre, tant admiré de M. l’abbé Roy, non-seulement manque de style et de grammaire, il constitue encore, du commencement à la fin, et sans interruption, l’œuvre la plus lugubrement bouffonne qui ait jamais vu le jour en notre beau pays.

Rappelons brièvement l’intrigue : M. l’abbé Roy lui-même va se charger de nous la résumer.

… Et c’est entre deux âmes françaises, entre Jules Hébert, canadien de Québec, et Marguerite Delorme, française de France, que va surgir le conflit, que va se dresser l’écueil.

Les deux jeunes gens se sont connus sur un vaisseau qui ramène Jules dans son pays. Leurs âmes se sont vite éprises l’une de l’autre : mais, tout de suite, elles ont pris conscience que des pensées, des convictions religieuses trop différentes, devaient à jamais les tenir éloignées. Jules est un croyant, un Québécois enraciné dans sa foi catholi-