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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/162

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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

PREMIÈRE LETTRE[1]


Mon cher confrère,

En refermant, tantôt le livre que vous venez de consacrer aux maladies du parler canadien-français, je songeais involontairement à ce chapitre de Maria Chapdelaine, le roman déjà fameux de Louis Hémon, où l’auteur met tour à tour en scène, au chevet de la mère Chapdelaine mourante, le médecin de Mistook et le rebouteur de Saint-Félicien.

Cela se passe, comme sans doute vous le rappelez-vous, dans les régions de colonisation, tout au fond des forêts du lac Saint-Jean. Depuis quatre jours, la pauvre vieille est au lit ; depuis quatre jours, elle souffre horriblement. Il faut faire vingt-deux milles pour trouver le plus proche médecin, et l’on ne s’est décidé que ce matin à l’aller chercher. Enfin, le voici qui arrive.

Le père Chapdelaine, ayant dételé et soigné son cheval, rentra dans la maison à son tour. Il s’assit à distance respectueuse avec ses enfants pendant que le médecin remplissait ses rites. Ils pensaient tous :

« Maintenant on va savoir ce que c’est, et il va lui donner de bons remèdes… »

  1. Lettre inédite, écrite à Ottawa, en janvier 1917.