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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/38

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MON ENCRIER

Et ces gens qui sont-ils ? Les uns sont militaires,
En tout point dépourvus de talents littéraires,
Qui parce qu’un boulet leur a cassé le bras
S’imaginent que deux l’on doit faire grand cas ;
les autres, magistrats, juges, greffiers, notaires,
Conseillers, médecins… ou même apothicaires…
Car sur la liste enfin des gens à pension,
L’on trouve tout état, toute profession,
Le rimeur excepté. Quel injuste manie !
Faut-il que sans pitié la fortune ennemie
Nous ait, pour nos péchés, cloués dans un climat
Où les gens sont sans goût… ou l’ont trop délicat.
....................
....................
Prédire l’avenir est ce dont je me pique.
Tu peux en croire enfin mon esprit prophétique:
Nos noms seront connus un jour au Canada
Et chantés de Vaudreuil jusqu’à Kamouraska.

Voilà donc l’un des forts écrivains de cette époque. M. Roy choisit d’abord dans son œuvre la pièce qui vaut le mieux; puis, dans cette pièce, les vers qui valent le mieux. Vous voyez le résultat.

De même, il écrit quelques lignes plus loin :

Mais l’âme de Quesnel ne savait pas seulement sourire, ou se répandre en des sujets où apparaissait une satire aimable et légère ; elle se faisait parfois rêveuse, elle se teintait de mélancolie, et elle laissait alors très volontiers errer son regard et sa pensée sur tous ces spectacles de la nature qui soutiennent ai merveilleusement les méditations solitaires. Il y avait en Joseph Quesnel un romantique, ou, plus précisément, un poète de la nature ; et c’est lui, peut-être, qui le premier parmi nous essaya de chanter les ruisseaux et les jardins.

Cela, c’est à propos des Stances sur un ruisseau, dont M. Roy nous cite encore les meilleurs vers, et qui se terminent ainsi :