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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/41

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NOS ORIGINES LITTÉRAIRES

rappelle tout naturellement l’histoire de ce chasseur :

— Et après l’avoir percée de balles, s’écriait-il, j’étais en train de l’assommer à coups de crosse !

— C’était un lion ou une panthère ? interrogea l’un des assistants.

— C’était une alouette.

De même on dirait, en lisant le dernier ouvrage de M. l’abbé Roy, que celui-ci, à tout instant, va faire surgir des fourrés profonds qu’il explore quelque fauve colossal ; et à tout instant l’on retombe sur une alouette… je veux dire sur un Quesnel ou un Mermet.

Il y a dans la province de Québec des gens trop légers, et nous sommes peut-être de ceux-là ; il y en a aussi de trop graves, et nous craignons fort pour M. l’abbé Roy que ce ne soit son cas. Nous aurions alors, dans la pente naturelle de son esprit, l’explication de son dernier livre.

Mais vous savez que bien avant cet ouvrage il avait fait plusieurs portraits d’écrivains, et il se peut aussi bien qu’il ait simplement obéi, cette fois-ci, à l’innocente manie du botaniste ou du numismate, toujours impatient d’accroître sa collection, même au risque de la déparer. M. Roy aura voulu augmenter la sienne trop vite et il n’aura pas pris garde qu’au lieu de l’enrichir il la gâtait ; tel un amateur qui, entre de vraies fleurs et de vraies médailles, placerait des ob-