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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/77

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UNE INTERVIEW DE M. HENRI ROCHEFORT

clat au cours du siège et de la bataille qui le termina.)

« Cela est signé « Dugommier, général ».

« Eh bien, vous le voyez, le nom de Napoléon n’est seulement pas mentionné. Et cependant, aujourd’hui et depuis un siècle, c’est Napoléon qui passe pour avoir pris Toulon ! C’est stupéfiant !

« Cet homme-là nous a tué on ne sait combien de millions d’hommes, pendant vingt ans il n’a cessé de saigner à blanc la nation. Fît que nous a-t-il donné en retour ? Il avait pris la France avec la frontière du Rhin, la Belgique et la Hollande : il nous l’a remise ayant perdu la frontière du Rhin, la Belgique et la Hollande. Je ne puis le comparer qu’à un joueur, qui, ayant gagné beaucoup au début, se retrouve encore perdant le matin, après avoir tout recraché (sic).

« Et pourtant, on en fait un héros, plus que cela : un bienfaiteur national. C’est incroyable !…

« Mais le peuple est si bizarre. On est si bête, en France ! (Tout ceci est textuel.) On peut leur faire croire ce qu’on veut. Tenez, j’ai vécu en 71, quand je n’avais qu’un mot à dire pour faire fiche mes collègues par la fenêtre… J’aurais pu dire au peuple ce que j’aurais voulu ; je lui aurais dit : « Il y a une mine d’or