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Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/62

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put constater, à cette heure, qu’il avait été ainsi quotidiennement frustré.

La raison sociale « Raphaël et Trompette » prit fin à l’instant même, devant la flagrante indélicatesse de Trompette…

Que devint, par la suite, Bertrand, dit Trompette ? Encore une fois nous n’en savons rien, et présumons simplement qu’un jeune homme si bien doué n’a pu manquer d’édifier une fortune — fortune dont les premiers éléments auront été les économies qu’il avait si ingénieusement réalisées aux dépens du trop confiant Chocolat.

Quant à Chocolat, séparé de Trompette, et séparé dans ces conditions que l’on devine peu cordiales, il ne voulut point persister dans un métier qui lui avait si mal réussi, et qui, d’ailleurs, devenait chaque jour moins florissant et plus difficile.

Aussi bien la perspective ne lui souriait guère de se retrouver en concurrence avec le subtil et dangereux Trompette — non plus que de s’exposer encore à rencontrer le señor Castanio.

Bien souvent des camarades, devant qui il se plaignait des incertitudes de son métier de portefaix, de la mauvaise foi des clients, et de la morte-saison, lui avaient parlé des mines qui sont aux environs de Bilbao, et où, pour un gaillard robuste comme lui, et sérieux, il y avait à se créer une jolie situation, rien qu’à porter le minerai, une situation stable avec, pour le moins, quarante sous d’assurés par jour…