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Page:France - Saint Yves.djvu/74

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sonnes. Les enfants n’ont rien de plus pressé que de se déchausser pour mieux courir nu-pieds. Dans une de ces promenades à travers champs, Yves se blessa le pied contre une souche de fougères nouvellement coupées. Dans son irritation momentanée, il maudit les fougères de ce champ, et, depuis ce jour, pas une de ces plantes n’y a poussé. On peut encore s’en convaincre aujourd’hui dans un pays pourtant où la fougère est si commune. On cite plusieurs autres localités où le même miracle eut lieu et se continue toujours.

On rapporte encore un autre trait, de ce qu’on appelle la malédiction de saint Yves au pays de Goëllo. Cette région et celle de Tréguier qui en est séparée par le Leff ont de tout temps été plus ou moins antipathiques. Ce n’était pas le même diocèse, et les usages différaient des deux côtés. On y parlait bien le même langage, mais avec un accent sensiblement varié. Goëllo prononçait du fond du gosier, Tréguier des dents et du bout des lèvres. L’un disait guehëc pour boisé, l’autre guézec. De là maints quolibets et des plaisanteries d’ordinaire mal reçues. Un brave homme s’étant donc permis de se moquer du jeune Yves, celui-ci lui aurait souhaité d’avoir des cornes au front, comme