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Page:Francisco de Miranda - Le général Miranda à la Représentation nationale, 1795.djvu/16

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comités ſe ſont réunis pluſieur fois depuis, & mon fort eſt le même.

Quelle eſt cette politique ?… certes elle ne peut pas être celle de la liberté. — Le Sénat-François qui a mis la Juſtice à l’ordre du jour, pourroit-il ſouffrir que par une politique digne des Cajus, & Robeſpierre, un homme innocent devant les loix, ſoit rétenu dans les fers par la pure volonté d’un autre ? & que les droits impreſcriptibles de l’homme, & l’humanité, & le droit des gens ſoient violés au nom du peuple François ? — Non, citoyens, je ſuis perſuadé que vous me rendrez la juſtice que je réclame, & la liberté que je n’aurai jamais dû perdre.

Autrement, je vous démande ce que les loix accordent à tous les hommes — ce que la juſtice ne refuſe pas aux plus ſcélérats parmi eux.- — Je démande un jugement : — ſeul moyen légal pour que l’homme probe conſerve ſon honneur intact, & à l’abri de l’infâme calomnie : on puiſſe ſatisfaire l’intérêt public s’il a eu le malheur d’enfrindre les loix.

L’exiſtence d’un ſeul citoyen innocent dans les fers, avec connaiſſance des pouvoirs conſtitués d’un pays quelconque, ſeroit la plus forte preuve du despotisme… ſi cet homme eſt authentiquement déclaré, ainſi que je l’ai été par un jugement, un excellent citoyen & le père des ſoldats ; avoir par ſes ſervices bien mérité de la patrie ; & être à l’abri du ſoupçon même[1] ce ſeroit le comble de la tyrannie.


Il y a oppreſſion contre le corps ſocial, lorſque
un ſeul de ſes membres eſt opprimé…
Droits de l’homme, Art. 34.

A la Force, ce 15 nivôse,
l’an 3me, de la Rép. Fr.

F. MIRANDA.
  1. Vide le jugement du Tribual Révolutionnaire : Procès du Général Miranda, N° 36 & 37.