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Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/19

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Méliador

9820 « Florée, qui tant le prisoit
« En li honnourant, bien disoit
« Que cilz chevaliers l’amoit tant
« De coer, d’esperit, de samblant,
« Qu’elle n’en savoit par raison
9825 « Faire nulle comparison.
« Et me disoit bien que la feste
« Estoit emprise et ceste queste
« Par ce Camel et par ses fais.
« Quant ce oÿ, telz et si fais
9830 « En fui, et si tres fort jalous,
« Et si tres merancolious,
« Si pensieus et si debatus :
« Se je me fuisse combatus
« Ce soir, je n’euisse riens fait
9835 « Et tant seulement pour ce fait.
« Est dont jalousie tel cose ? »
Et Lansonnet, qui moult bien ose f. 72 d
Parler a son mestre a son gré,
S’arreste tous quois sus .i. pré
9840 Ou il chevaucoient andoi
Et dist : « Sire, oïl, par ma foy.
« Jalousie est un mauvais visces,
« Et toutes fois c’est un offisces
« En vraie amours grans et entiers,
9845 « Et qui enflame volentiers
« Les amans qui sur lui s’arrestent,
« Et qui tant li donnent et prestent
« Dou leur qu’il le loent et croient ;
« Siques bien ressongner le doient
9850 « Tout amoureus vrai et entier,
« Car, puis qu’il voet acompagnier
« .I. coer, il gist en grant peril.
« Mais vous l’avés noble et gentil,
« Et chevauciés par les contrées,
9855 « Siques j’espoir que telz pensées