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Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/345

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Méliador

20930 « Mais non est, car bien la matere
« En ay de puis sceü sans doubte. »
Agamanor, qui se redoubte
A avancier et a parler,
Commença .i. peu a penser f. 154 c
20935 Et a transmuer sa coulour.
Phenonée, en qui toute honnour
Estoit, dist : « Mestres, que vous fault ?
« Avés vous trop froit ne trop chaut ?
« Je vous voi .i. peu fourvoiier. »
20940 Adont se prist a ravoiier
Agamanor par la parole [1]
De Phenonée, qui parolle
Et qui doucement li demande :
« Cilz chevaliers est il d’Irlande,
20945 « Qui conquist le pris dou tournoy ?
« Biaus doulz mestres, nommés le moy,
« Et je vous en sarai grant gré
« Et si le tenrai en secré.
« Tout ce vous ay jou en couvent. »
20950 Agamanor moult matement
Respondi et dist : « Chiere dame,
« Je ne l’ose nommer, par m’ame,
« Mais je sui de lui cargiés tant
« Que je vous die maintenant
20955 « En quel painne il est nuit et jour,
« Pour avenir a vostre amour.
« C’est li plus grans desirs qu’il ait ;
« Car, s’il pooit par droit souhait
« Avoir tous biens a son cuidier,
20960 « Il ne vodroit mieulz souhaidier
« Que d’avoir la vostre amour, dame,
« Et tout ce retieng jou, sur m’ame. »

  1. 20941 Agamanor, B Melyador.