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Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/370

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Méliador

Ce propre jour que partis fu
21775 Li chevaliers, bien savés d’u,
Dou manoir c’on appelle au Bois,
Phenonée a bassete vois
Dist ensi : « Or ça, ma cousine,
« Vous avés ordonné .i. signe.
21780 « Il fault ce rouge chevalier
« Temprement si appareillier
« Qu’ayaus .ii. se combatera.
« Je croi moult bien qu’il revenra ;
« Il ne le lairoit nullement. f. 160 d
21785 « Mais or me dittes loyaument
« Ou .ii. chevaliers prenderons
« En qui affiier nous porons.
« Point ne sera en ceste terre ;
« Peu en y a qui sachent guerre.
21790 « Ossi jamais ne le feroie,
« Car trop fort blasmée en seroie
« De mon signeur et de ma dame.
« Ensi donc receverons blasme,
« Ou de l’un costet ou de l’autre,
21795 « Voires, se ne mettons sus fautre
« Aucune ordenance nouvelle. »
Ce dist Luciienne : « Ma belle
« Cousine et ma tres chiere amie,
« De ce ne me soussiiés mie,
21800 « Car je les ay tous pourveüs,
« De moy grandement cogneüs
« Bons chevaliers, preus et hardis,
« Et qui me vodroient toutdis
« Chi et ailleurs servir a gré.
21805 « Je les ay ja tout en secré,
« Chiere cousine, envoiiés querre ;
« Il ne sont point de ceste terre
« Ne ossi de vo cognissance,
« Ne cuidiés ja qu’en ignorance