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Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/138

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Méliador

26275 Et Saigremor, qui ot ouvert
Sen langage pour bien parler,
Li dist : « Sebile, voir, c’est cler
« C’a moy vous ne pensés noient,
« Et je pense si grandement
26280 « A vous que je n’en puis partir,
« Les nuis reposer ne dormir,
« Tant me plaisent vo biel acueil.
« Et pour ce partir je me voeil
« De ce pays a bonne estrine ;
26285 « Car, se longes en la haÿne
« Ou je vous voi encontre mi
« Demoroie, je sçai de fi,
« Qu’il me couvenroit l’ame rendre.
« Si ay plus chier grant painne aprendre,
26290 « Soit en Gales, soit en Bretagne,
« Puis que tant vous m’estes estragne,
« Que sejourner ci en essil,
« Tant redoubte jou le peril.
« Mais, toutes fois, quoi qu’il aviegne,
26295 « Je vous en pri qu’il vous souviegne
« Dou jone chevalier errant,
« Qui, pour vostre amour, en alant
« Par le monde aval et amont,
« Traveillera, et si aront f. 194 a
26300 « Ses parures tele ordenance
« Que dedens une targe blance
« Y ara une blewe dame.
« Sebille, je vous di, par m’ame,
« Que je morrai en celle painne,
26305 « Ançois que vous, qui souverainne
« Estes de moy jusc’a le mort,
« N’aiiés de moy tres bon recort.
« Or vous pri au partir, tres douce,
« C’un petit je baise vo bouce.
26310 « S’en vaudrai trop grandement mieulz. »