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Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/141

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Méliador




Tout ensi s’esbat a par soy
Saigremor, qui en bonne foy
Aime la dame de Montmille
26380 Qui se fait appeler Sebille.
Pour s’amour est pris et laciés,
Et ceste, que bien le saciés,
N’en sent mies tant dou disime ;
Amours pas encor ne le lime
26385 Ensi qu’elle pora bien faire,
Se Saigremor se voelt parfaire
En armes et en gentillece.
Oïl, sieuir en voet l’adrece ;
Pour ce s’est il mis au chemin.
26390 Messires Dagors au matin
Demanda de son damoisiel
Saigremor, et lors de nouviel
Entent c’on ne scet ou il est.
Ceste nouvelle li desplest,
26395 Pour ce c’au partir ne li a
Dit quel cose faire il vodra,
Mais s’est partis soudainnement.
Messires Dagors bellement
S’en passe et il n’en poet avoir,
26400 Car il suppose, et s’est tout voir, f. 194 d
Que Saigremor en est alés
Sus l’estat dont il fu fourmés
Et enhortés fort l’autre jour,
Car il li blasmoit son sejour.
26405 Si croit bien, selonch son avis,
Que Saigremor, sus ce devis,
S’est armés pour li avancier.
Messires Dagors, qui moult chier
Avoit le damoisiel d’Irlande,
26410 Ses armes erranment demande.
Si s’est armés a son usage