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Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/164

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Méliador

« Et toutes fois il l’eut, par m’ame,
« A force et non par aultre voie.
« Au partir me dist : « Je vodroie,
« Sebille, venir a m’entente,
27170 « Mais vous seriés sans point d’attente
« Roÿne de la grant Irlande. »
« Siques, dame, je vous demande
« Qu’il vous samble de ceste amour ?
« Onques puis, ne heure ne jour,
27175 « Ne le vi venir ne aler,
« Ne se n’en ay oÿ parler.
« Je ne sçai qu’il est devenus,
« Mais je l’aime trop mieulz en sus
« De moy, ne sçai par quel raison,
27180 « Que, quant dedens ceste maison, f. 200 c
« Nous demorions tout ensamble.
« Or, me dittes, que vous en samble,
« Tres chiere dame, je vous pri ? »
Dist Phenonée : « Je l’otri.


27185 « 
Certes, Sebille, douce amie,
« J’aime moult bien vo compaignie,
« Car vous estes courtoise et sage,
« Et adrecie de langage
« Biel et plaisant qui moult me plest ;
27190 « Et bien voi que vostre cuer est
« Aucunement enamourés,
« Mais pas encor ne savourés
« Les fais d’Amours et les assaus
« Trop grandement. C’est ci consaus :
27195 « Si estes vous moult ewireuse
« Quant vous poés estre amoureuse
« D’un chevalier que cognissiés ;
« Je vous conseil, pas n’en issiés,
« Car vous serés dame moult grande