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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/148

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POÉSIES


» Et si oudoure doucement ;
» Et si dure plus longuement
» En beauté que vous, Violette ;
» Et si naist blanche ou vermillette
» Ou bel et plaisant mois de may
» Pour traire amans tout hors d’esmay.
» Et lors, dames et damoiselles
» Seignours, bacelers et pucelles
» Les coeillent et en font chapeaus ;
» Et les pluisours en ont houpeaus
» Qu’ils portent devant leur viaire. »
À ces mots ne se volt plus taire
L’advocat qui estoit moult vieuls
De Violette, et dist : « He Dieus !
» Se je ne savoïe parler
» Il m’en faudroit de ci raler ;
» Mès, se Dieu plaist, je parlerai
» Et la querelle soustendrai
» De Violette encontre Rose.
» Advocas, je di et propose,
» Vostre parole bien oye,
» Violette est miens conjoye,
» Amée et désirée aussi
» Que Rose ne soit ; et veci
» La cause. Or entendés droiture.
» Quant un yver plain de froidure
» Aura mis à destruction
» Par sa longue possession,
» Arbres et fruis, foeilles et flours,
» Adonc desirent les beaus jours