Aller au contenu

Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
DE JEAN FROISSART.

Que par raison à l’amant ne mesviegne.
Pour ce fault-il que Paours y surviegne ;
Car Paours est le foliot d’Amours
Qui à l’amant fait attemprer les mours,
Et son desir mouvoir par tel mesure
Que nuls ne voie en son fait mespresure ;
Car aultrement il porroit ou dangier
De Malebouche eschéir de legier,
Et resvillier Dangier et Jalousie,
Qui sont contraire à toute courtoisie,
Et héent par leur nature envieuse
Toute personne honnourable et joieuse,
Et par especial trop ont d’envie
Sus ceuls qui sont de l’amoureuse vie.
Dont est Paours à l’amant nécessaire,
Car elle fait attemprer son afaire,
Et le nourist en cremeur d’entreprendre
Chose dont nuls ne le peuist reprendre ;
Car tout ensi que le foliot branle,
Doit coers loyaus estre tous-jours en branle,
Et regarder, puis avant, puis arrière,
Qu’on ne se puist cognoistre à sa manière
Ne percevoir à quoi il pense et vise.
Briefment Paours, qui ses vertus devise,
Fait à l’amant maint bel et bon servisce,
Car par son fait sont esquieuvé li visce,
Et mis avant, par vertu noble et grande,
Meurs de tel pris qu’Attemprance demande.
Il est bien voirs, ma douce dame chière
Qu’il me convient monstrer toute tel cière