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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/210

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POÉSIES

Jà n’en puissè-je joïr ;
Mès plaisance née en jouvent
Encline à ce le coer souvent ;
Et li donne la vraie fourme
Sus laquelle son vivant fourme.
En tele fourme me fourma
Amours, et si bien m’enfourma
Qu’il m’est tourné à grant vaillance,
Sans vantise, de ma plaisance ;
Car j’ai par ce tel chose empris
Que ne poroie mettre en pris,
Car tant vault la valeur qu’ai prise,
Et le tienc de si noble emprise
Que ne le poroie esprisier,
Tant le scevisse hault prisier.
Droitement, ens ou temps de joie
Que tous coers par droit se resjoie
Qui espoire ou pense à joïr
Dou bien qui le fait resjoïr,
Car lors joliveté commence.
Dont, n’es-ce pas raisons qu’on mence
D’une merveille, s’elle avient.
Et pour ce que il me souvient
D’une aventure qui m’avint
Quant ma jonece son cours tint,
Onques puis dou coer ne m’issi ;
Pour ce compte en voeil faire yci.
Ce fu ou joli mois de may ;
Je n’oc doubtance ne esmai
Quant j’entrai en un gardinet.
Il estoit assès matinet,