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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/224

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POÉSIES

Que je lisoie, Diex li mire !
Adont laissames nous le lire
Et entrames en aultres gengles ;
Mès ce furent parolles sengles,
Ensi que jones gens s’esbatent
Et qu’en vuseuses il s’embatent,
Pour euls deduire et solacier,
Et pour le temps aval glacier.
Mès je sçai moult bien qu’à celle heure
Le Dieu d’Amours me couru seure,
Et me trest de la droitte fleche
Dont les plus amoureus il bleche ;
Et si conçus la maladie
Par un regard, se Diex m’aye !
Que la belle et bonne me fist.
Cupido adont se fourfist,
À ce que j’ai de sentement ;
Car pas ne test parollement
À ma dame si comme à moi.
Je l’escuse, et escuser doi,
Ensi c’on doit son seignour faire ;
Car sires ne se poet mesfaire
Aucunement vers son servant.
Espoir avoit-il jà devant
Trait sa fleche douce et joieuse
Sus ma dame, et fait amoureuse
D’autrui que de moi. Au voir dire,
Ne a mettre ne escondire
Ne l’en vodroïe nullement ;
Mès bien sçai que pareillement