Aller au contenu

Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
POÉSIES

Looie moult, se Diex me gard !
Sa bonté, sa beauté, ses fais,
Et disoïe : « S’un pesant fais
» M’a Amours envoyé pour elle
» Ne m’en chaut ; pour tele pucelle
» Deveroit-on mort recevoir ;
» Mès qu’elle scevist bien de voir
» Que mors je fuisse en son servisse
» Ne le tenroïe pas pour visce. »
Qui est en pensée nouvelle.
Peu de chose le renouvelle.
Souvent pensoïe sus et jus ;
Et à la fois à aucuns jus
Aux quels s’esbatent jone gent.
Juoie de coer lie et gent,
Mès que ma dame y fust pour voir,
Ou qu’elle m’i pevist véoir ;
Et pour très petite ocquoison
Passoïe devant sa maison,
Et jettoïe mes yex vers elle ;
Et quant il plaisoit à la belle
Que de li un regart euisse,
Tout erramment en coer sceuisse
S’il estoit amoureus ou non.
Tels demande souvent grant don
Auquel pas on ne li otrie
Sitos qu’il vodra quand il prie ;
Je m’en sçai bien à quoi tenir.
Il m’a convenu soustenir
Moult de grief, dont petit don ai.