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DE JEAN FROISSART.

Et se poursieut tousjours la trace
De sa très amourouse chace ;
Mès Dane au coer ne li pourchace
Joie noiant.

Or vous dirai raison pourquoi
Phebus chéy en tel anoi.
Il y ot bien cause, je croi,
Veci comment :
Un jour ert en son esbanoi
Cupido, d’amours Dieu et roy.
Avint que Phebus vint sus soi
Soudainnement,
Et li dist orguillousement :
« L’arc de quoi tu très rent-moi, rent,
» Et la fleche tout ensement,
» Car envers moi
» Tu ne seès traire de noient.
» J’ai occis Python le serpent
» Qui de longueur ot un arpent,
» C’est trop pour toi. »

Et Cupido qui fu plains d’ire
Li prist, tout en pensant, à dire :
« Voire ! Phebus, Phebus, beau sire,
» Estes vous tels
» Que mon arc et la droite vire
» Dont je m’esbas et dont je tire
» Me volés ores contredire,
» Et vous vantés
» Que mieulz de moi trayés assés.