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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/276

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POÉSIES

Mès je voi bien que de rechief,
Ensi qu’il soet,
Mon coer je senc si fort blechief
D’un dard, qui est escris ou brief,
Dont Phébus fut navrés en brief
Que ce le doelt.

Car la plaie n’est pas petite
Qui m’est dedens le coer escripte ;
Pas ne m’i nuist, ains m’i proufite ;
Car elle est faitte
D’un penser qui moult me delitte ;
Et quant je senc nul oppositte,
En pensant, à par moi, recite
Qui li attrette
Uns regars, une douce attrette,
De la belle, bonne et parfette
Qui de toute honnour est estrette.
Or soit benite
La plaie, et aussi la sajette
Qui me tient en si douce debte
Que mon traveil et ma souffrette
Tienc pour merite.

C’est mon bien, c’est toute ma joie ;
C’est le penser qui me resjoie
Et lequel nuit et jour m’envoie
Grasce et confort.
À la fois, quant le plus m’annoie
Et que par souhet je vorroie
Qu’à moi venist la droite voie