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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/288

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272
POÉSIES

Dont vis me fu, en mon dormant,
Qu’en une chambre bien parant,
Bien aournée et bien vestue
De tapisserie batue,
Tous seules illoec m’esbatoie ;
Et ensi qu’en la chambre estoie,
Ceste par vinc, et ens regarde ;
De mon miréoir me prenc garde,
Que g’i vois l’impression pure
De ma dame et de sa figure
Qui se miroit au miréoir,
Et tenoit d’ivoire un treçoir,
Dont ses chevelès demi lons
Partissoit, qu’elle ot beaus et blons.
J’en fui esmervilliés forment ;
........
Je ne vosisse estre aultre part.
Adont dou miréoir me part,
Car d’encoste moi le cuidoie.
Qui bien aime, c’est drois qu’il doie
Regarder à ce qu’il desire ;
Je n’oc ne maltalent ne ire ;
Ains di : « Ma dame, où-estes vous
» Pardonnés moi, fins coers très douls
» Ce que sus vous suis embatus. »
Lors le cuidai véoir, sans plus
Dire à li lors ne mos ne vers ;
Mès il m’en fu tout au revers,
Car en fourme ne le vi pas.
Si fis-je en la chambre maint pas
Et le quis à bon escient