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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/298

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POÉSIES

» Je ne doi pas haïr ce qui m’a chier,
» Ne cé fuir qui me doit approcier
» Quant je ni voi qu’onnour sans reprocier
» Et loyauté sans mentir ne trechier.
» Par pluisours fois t’ai poü assayer
» Par refuser sans toi riens octroyer,
» Par toi monstrer samblant cruel et fier
» Plain de rigour
» Dont pluisours fois t’ai véu fretillier,
» Trembler, fremir, sanc muer et changier.
» Onques trop dur ne furent mi dangier ;
» Je t’ai véu tout dis humilyer
» Et bellement pryer et supplyer :
» Dont vraiement, je l’ose bien jugier.
» Assés te doit ta loyauté aidier.
» Or tien m’amour ;

» Je le t’acorde, amis, en toute honnour ;
» Mès aultrement n’en prias onques jour
» Car garnis es de sens et de valour,
» De cognissance et de gentil atour,
» Que ne vodrois pour riens ma deshonnour.
» Ce bon renom te portent li pluisour ;
» Ceste vertu a en toi grand vigour
» Et bien m’agrée
» Quant j’ai mon coer enté en un sejour.
» Et si me voi amée dou millour
» Que véisse ains ; pour ce t’aim et aour.
» Et pour ester de ton las coer l’ardour,
» Je te requier en joie et en douçour
» Que tout espoir te soient de favour.