Aller au contenu

Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
VIE

et justifier toutes les matières ; ainsy-ai-je rassemblé la noble et haute histoire et matière ; et le gentil comte de Blois dessus nommé y a rendu grant peine. Et tant comme je vivray par la grâce de Dieu, je la continuerai ; car comme plus y suis, et plus y labeure, et plus me plaist. Car ainsi comme le gentil chevalier ou escuyer qui aime les armes, en persévérant et continuant il se nourrit et parfait, ainsi en labourant et ouvrant sur cette matière je m’abilite et delite. »

De toutes les particularités de la vie de Froissart pendant son séjour en Angleterre, nous savons seulement qu’il assista aux adieux que le roi et la reine firent en 1361 au prince de Galles leur fils, et à la princesse sa femme, qui allaient prendre possession du gouvernement d’Aquitaine, et qu’il était entre Eltham et Westminster en l’année 1363 au passage du roi Jean, qui retournait en Angleterre. On trouve dans ses poésies une pastourelle, qui semble ne pouvoir convenir qu’à cet événement. À l’égard des voyages qu’il fit étant au service de la reine, il employa six mois à celuy d’Écosse, et pénétra jusqu’à l’Écosse qu’il appelle Sauvage : il voyageait à cheval, ayant sa malle derrière lui[1] et suivi d’un lévrier[2]. Le

  1. Poës. manus. Buisson de Jonece, pag. 343, et sa Chronique, liv. 4, chap. I.
  2. Poësies manuscrites, Debat dou cheval et dou levrier.