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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/315

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DE JEAN FROISSART.

Maint aler et tamainte faille,
Ensi qu’amours ses servans baille ;
Mès tout en bon gré recevoie
Le bien et le mal de ma voie.
Le temps si se passoit ensi.
Ma droite dame, Dieu merci !
Estoit lie, gaie et hetie.
Or me dist-on une nuitie,
Dont il fu lendemain Dimence :
« Ce n’est pas raison c’on vous mence.
» À demain est no voie prise
» En un gardin que moult on prise ;
» Nous y devons aler esbatre ;
» Vous vos y porés bien embatre. »
Et je respondi tous délivres :
« Je n’en fauroi pas pour vint livres. »
Lendemain, droit après disner,
Sans leur pensée decliner,
Esbatre en un gardin en vindrent
Celles qui compagnie tindrent
À ma dame, et là m’embati ;
Point on ne le me debati.
Ma dame s’estoit asseulée
Dalès rosiers, près d’une alée
Qui se tournoit sus la riviere
Qui bien l’enclooit par derriere.
Quant je vi le donoiement
Je me très vers li quoiement,
Et doucement le saluai ;
Mes la coulour rouge muai.