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POÉSIES

Paourouse et à simple chière,
Que plus à moi ne parroit elle.
Ensi le me compta la belle,
Et me dist par parolle douce :
« Il convient, car le besoing touche,
» Qu’un peu d’arrest ait nostre vie
» Car on y a trop grande envie,
» Et j’en sui trop griefment menée
» Et par parolles fourmenée.
» Abstenir vous fault toutes voies
» De devant nous passer les voies
» Tant que la chose soit estainte. »
— « Dame, di-je, de la destrainte
» Sui-je en coer grandement irés ;
» Je ferai ce que vous dirés,
» Car ensi le vous ai prommis. »
Et celle me dist : « Grant mercis ! »
Depuis me tins une saison
Au mieulx que poc parmi raison
De passer par devant l’ostel
De ma dame, et aussi ou tel
Qui estoit ordenés pour nous ;
Dont j’estoie tous anoious.
Et s’il avenoit que passoie,
En terre mon regart bassoie ;
Vers li n’osoie regarder
Et tout seul, pour sa paix garder.
Mès sus un vespre, en un requoi,
Me tennoie illuecques tout quoi
Assés près de l’ostel ma dame.