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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/385

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DE JEAN FROISSART.

Apparoïent de toutes pars
Par champs, par jardins et par pars,
Cent mille par cent mille forges.
Et cil oizeillon en leurs gorges
Avoïent notes et chançons.
Dont si grande estoit la tençons
Qu’à painnes me pooie oïr.
Bien se doit un coer resjoïr
Qui en marce et en lieu sejourne
Où uns si beaus jours il ajourne
Que cils estoit qui se formoit.
La matinée m’enfourmoit
Qu’il feroit bel oultre l’ensengne.
Venus à chief de mois m’ensengne
Ce que je voi moult volentiers,
Ce sont roses et englentiers,
Flourettes et vers arbrisseaus
Graviers, fontenis et ruisseaus ;
Et me dist : « Alons y seoir
» Pour imaginer et véoir
» Comment li aigue et la gravelle
» À l’un l’autre jue et revelle. »
Par grant solas y sont assis
Tout en alant cinc fois ou sis
Et rafresci à bonne entente.
Elle me moet encor et tempte
Que je voeille un virelay dire.
Je ne l’en ose contredire
Lor en di un qui se commence
Par une amoureuse semence.