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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/387

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DE JEAN FROISSART.

Moult grandement plot à Venus
Ce virelay ; et dist que nuls
Ne le poroit nes un tel faire
Sans sentir l’amoureus afaire.
À ce qu’elle voelt je m’assens,
Et puis li di, selonc mon sens :
« Foi que je doi à Sainte Crois !
» Dame, je crienc et me mescrois
» Qu’à present ne vous fourvoyés.
» Je vous en pri, que vous voyés
» Se noient nous nos fourveions
» Afin que nous nos ravoions ;
» Car al homme qui se fourvoie
» Trop li est longue courte voie. »
Et elle respont en riant :
« S’un petit alons detriant,
» Tant nous est le deduit plus lons.
» Mès je scai bien que nous alons
» Droit au Buisson sans nul fourvoi.
» Et jà par devant nous le voi ;
» Car nous y vendrons temprement,
» Sans avoir nul emcombrement. »
Lors me fu vis qu’en une lande,
Ne sçai se c’estoit en Irlande,
En Engleterre, ou en Norgalles,
Mès ensi qu’on ramentoit galles
Et aventures qui sourviennent,
Car à la fois souvent aviennent
Pluisours choses à moult de gens
Dont le record est beaus et gens ;