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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/40

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VIE

naissance, pour toutes les choses intéressantes qu’il voulait bien lui apprendre. S’ils arrivaient dans une ville avant le coucher du soleil, ils mettaient à profit le peu de jour qui restait, pour en examiner les dehors, ou pour observer les lieux des attaques qui s’y étaient faites : de retour à l’hôtellerie, ils continuaient les mêmes propos, ou entre eux seuls, ou avec d’autres chevaliers ou écuyers qui s’y trouvaient logés ; et Froissart ne se couchait point qu’il n’eût écrit tout ce qu’il avait entendu. Après une marche de six jours, ils arrivèrent à Orthez. Cette ville, une des plus considérables du Béarn, était le séjour ordinaire de Gaston, comte de Foix et vicomte de Béarn, surnommé Phœbus à cause de sa beauté. Froissart ne pouvait choisir une cour plus convenable à ses vues. Le comte de Foix, âgé de cinquante-neuf ans, était encore l’homme de son siècle le plus vigoureux, le plus beau et le mieux fait : adroit à tous les exercices, valeureux, consommé dans l’art de la guerre, noble et magnifique, il ne venait chez lui aucun guerrier qui n’emportât des marques de sa libéralité : son château était le rendez-vous de tout ce qu’il y avait de braves capitaines qui s’étaient distingués dans les combats et dans les tournois : les entretiens n’étaient que d’attaques de places, de surprises, de siéges, d’assauts, d’escarmouches, de batailles : les amu-