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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/91

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DE JEAN FROISSART.

meilleur guide pour l’histoire de ces trente années, que l’historien qu’il dit avoir suivi. Pour juger des lumières que celui-ci avait pu tirer de la familiarité où il étoit auprès de Jean de Haynault, il faut se rappeler les circonstances où ce comte s’était trouvé. La reine d’Angleterre, Isabelle de France, avait fui d’Angleterre avec le jeune prince de Galles son fils, depuis Édouard III, roi d’Angleterre, pour se soustraire à la persécution des Spencers et des autres favoris du roi Édouard II, son mari. Charles le Bel, roi de France, frère de cette reine, fut obligé de la faire sortir de ses états, après lui avoir donné une retraite pendant un assez long-temps. La cour du comte de Haynault dont nous parlons, fut la seule ressource de la mère et du fils : non seulement elle leur fut ouverte ; ils y trouvèrent encore des secours puissants pour passer en Angleterre, et pour tirer vengeance de leurs ennemis. Le jeune prince y avait rencontré une princesse aimable et vertueuse (c’était une des filles du comte même), qui sentit pour lui ces premiers mouvements d’une inclination naturelle, qui semblent présager les attachements les plus durables : il conçut pour elle beaucoup d’amour, il en fit son épouse, et depuis elle fut placée avec lui sur le trône d’Angleterre : c’est la même à qui Froissart présenta son histoire. Froissart écrivait donc d’après un auteur qui savait tous ces événe-