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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/99

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SUR L’HISTOIRE DE FROISSART.

princes leurs enfants : c’est par rapport à ces années, que le soupçon de partialité pour les Anglais peut subsister dans toute sa force. Il était difficile que dans une cour où tout respirait la haine contre les Français, il conservât l’exacte neutralité que demande la qualité d’historien, et qu’il ne servît pas la passion des princes à qui il devait sa fortune présente, et de qui il attendait encore des établissements plus considérables. On pourrait trouver des raisons pour affaiblir ce préjugé, dans la douceur et dans la modération que conserva toujours au milieu de toutes ces guerres, la reine Philippe de Haynaut, qui calma la fureur de son mari au siége de Calais, et qui obtint de lui, par ses instances, la grace des six généreux bourgeois de cette ville qu’il avait condamnés à mort : je pourrais ajouter que si Froissart fut de l’hôtel du roi Édouard, il fut aussi de l’hôtel du roi Jean, et qu’il paraît avoir été attaché à ce prince, dans le temps même qu’il était en Angleterre. Mais sans vouloir combattre des préjugés par d’autres préjugés, je ne consulterai que le texte de Froissart, qui doit faire, à cet égard, la règle de notre jugement. Après l’avoir lu avec toute l’attention dont je suis capable, sans y remarquer aucune trace de la partialité qu’on lui reproche, j’ai encore examiné plus soigneusement quelques points prin-