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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/129

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L’HOMME À L’HISPANO

rapide. À côté d’eux, le marquis de Sola, dans un complet coupé à Madrid, la seule ville du monde où l’on habille mieux qu’à Londres, racontait à un autre Espagnol, comment l’an passé, à Deauville, au polo, il avait eu l’avantage sur S. M. Alphonse XIII. Et l’on entendait aussi, par bribes, une conversation animée entre deux jeunes femmes. L’une d’elles, avec volubilité, faisait le récit de sa récente visite au couvent voisin, près d’Anglet. Là, les religieuses recluses ont fait vœu de silence éternel. Jamais une parole ne sort de leurs lèvres closes. La narratrice, dans une abondance de mots inutiles, se déclarait émerveillée de cette discipline et prête à entrer dans le couvent. Plus loin, il s’agissait du toréador Belmonte. Un autre groupe parlait de politique extérieure et, brusquement, un homme mûr et d’aspect raisonnable, M. de Saint-Brémond, longtemps colonel de cavalerie, déclara qu’il se tiendrait mieux dans une conférence internationale que toutes les canailles de la République. Il donna comme preuve qu’il avait, en trois jours, appris le mah-jong. Ainsi, le salon bourdonnait.

— Ne vous y trompez point, monsieur Dewalter, murmura gaîment Pascaline… Ici, sans en avoir l’air, tout le monde a les yeux sur vous. Tout à l’heure, dans leurs voitures, ces gens vous mettront en jugement. S’ils pensent comme moi, vous serez acquitté et avec félicitations. Mais voilà, sauvage que vous êtes, vous perdrez votre