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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/140

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L’HOMME À L’HISPANO

ses valises, sans avoir recours à un serviteur. Mais, depuis son arrivée sur la Côte d’Argent, il avait fait beaucoup d’achats et il n’avait plus la possibilité de tout emporter dans les seuls bagages à main qu’il possédait, les malles étant restés à Bordeaux. Devant cette difficulté à laquelle il n’avait point songé, il s’arrêta dans son travail et, soudain lassé de tout, il se jeta sur le lit. Les frissons du crépuscule entraient par la fenêtre ouverte. En bas, on entendait l’orchestre.

Il pensait :

— « Je suis ici, à Biarritz, pour la dernière fois de ma vie. Jamais plus je ne reverrai ces lieux frivoles et agités où, pendant deux semaines, j’ai mis mon cœur en souffrance. Deux semaines ! Elles sont disparues comme l’eau s’évapore. Elles garderont pour moi une existence métaphysique. Que seront-elles pour Stéphane ?… Hélas ! je l’ai constaté tout à l’heure… »

Il demeurait stupéfait de l’indifférence qu’elle avait eue. Ainsi, sans le lui dire, et sans même en connaître la véritable raison, elle avait prévu son éloignement prochain ? Si elle ne l’avait point prévu, comment en aurait-elle accueilli la nouvelle si facilement ?

Il sentit entrer dans son cœur un vide aigu comme un couteau. Et il fut comme quelqu’un dont le sang coulerait et qui irait s’affaiblissant. Une détresse vraiment physique l’accabla. Il ne faisait pas un mouvement et dans ces artères une