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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/161

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l’homme à l’hispano

pas allumé les lampes et, peut-être, il ne s’était pas aperçu de la descente de la nuit. Il donna la lumière et se montra souriant. Elle ne l’avait pas vu depuis le déjeuner. Elle se blottit d’abord contre lui, et, sans rien dire, se fit cajoler. Il lui rappela qu’elle avait donné rendez-vous à la femme de chambre. On l’appela. Stéphane dit qu’elle ne retournerait pas à l’hôtel, que son couturier devait lui livrer une robe nouvelle et qu’il fallait la lui apporter. Elle ordonna aussi de téléphoner chez Lewis. Elle portait une toque de ce modiste universel. Elle l’ôta et la fît poser dans la chambre. Elle ne se gênait en rien, dans sa résolution presque farouche d’avouer toujours, à toute heure, son amour et son orgueil d’aimer.

Quand ils furent seuls, elle l’examina, joyeuse. Il était pâle, avec une ombre dans les yeux, mais son visage était viril et sans tristesse, un peu crispé comme celui des gens qui s’obstinent à regarder de trop loin. Il y avait une bonté indéfinissable dans son sourire et il la contemplait naïvement comme un enfant admire une image, Elle en ressentit un plaisir si grand qu’il devint physique et parcourut son corps entier à la façon d’une caresse, Elle balbutia pour lui ce qu’elle avait dit à Pascaline :

— Je n’ai jamais été heureuse dans ma vie comme je le suis depuis un mois, Georges !

Il tressaillit et ses traits s’adoucirent encore, comme si cette petite phrase le récompen-