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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/190

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l’homme à l’hispano

geais les robes comme j’en avais l’ordre. Soudain, je me retourne ; il y avait un homme…

— Un homme ?

— Oui, madame, monsieur. Il venait d’entrer. Je ne sais pas comment… Je ne l’ai pas entendu.

— Qu’est-ce qu’il vous a dit ? demanda lady Oswill.

— Il m’a dit : « J’arrive du Maroc. Préparez-moi un bain. »

— Est-ce que vous êtes folle ?

— Non, madame.


Elle ne changeait pas une syllabe. Mais Oswill avait menti. Jamais il n’était retourné en Afrique. Il l’avait annoncé aux serviteurs de Biarritz par politique, parce qu’il craignait d’être trahi. En vérité, après quelques jours de fureur vaine, il s’était précipité sur Paris. Aux environs de Tours, il avait lancé sa voiture contre un piéton qui le gênait. Le piéton, d’un seul pas à droite, évitait l’accident, mais un arbre — plus obstiné, ou moins heureux — avait reçu la cinquante chevaux. Le piéton, sans rancune, ramassa sir Oswill. Comme il était médecin, il lui dit, à titre documentaire, qu’il avait une côte cassée, l’épaule démise, et qu’il en serait quitte avec trois semaines de lit. Il indiqua un hôtel voisin comme un bon endroit de repos et consentit à promettre qu’il ferait envoyer une civière. Il ajouta qu’étant en promenade, il ne faisait pas