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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/21

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L’HOMME À L’HISPANO

— Je suis curieuse de le voir, ce Dewalter… Comment est-il, l’homme qui n’a qu’à paraître pour faire des ravages, et dans un cœur comme le tien ?

— Je ne pourrais te le décrire, répondit-elle avec étonnement.


Elle-même, elle ne se reconnaissait plus.

Cinq jours auparavant, elle était allée en visite chez Mme Deléone. Elles avaient à se préoccuper d’une fête de charité. Mme Deléone était une brave femme, mais sa fortune l’encombrait. Installée à Biarritz afin d’améliorer la santé de ses fils, elle paraissait joyeuse que son mari fût auprès d’elle depuis la veille. Elle l’aimait, bien qu’il fût gros. Avec un plaisir ingénu, elle avait raconté à Stéphane son arrivée à l’improviste, dans la voiture d’un ami. Deléone intervint et précisa : c’était la plus belle Hispano et la mieux carrossée qu’il eût admirée depuis longtemps.

— Quand m’en offrirez-vous une, pareille ? avait demandé l’épouse en roulant ses bons yeux d’enfant.

Il répondit :

— Quand je serai riche comme Dewalter.

Il raconta qu’ils avaient fait la guerre aux mêmes endroits, qu’ils sympathisaient depuis la Marne et que son ami était un héros. Stéphane écoutait vaguement, Elle pensait que ce héros-là devait, en tout cas, comme Deléone, être un lourdaud.