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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/227

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l’homme à l’hispano

Montnormand avait tenu parole. La veille, il avait envoyé un chèque de vingt mille francs accompagné d’une lettre simple et bonne. Elle rappelait la promesse de partir. Georges, qui cependant commençait à se blaser et, sous tant d’émotions, à se durcir, avait pleuré ses dernières larmes en la lisant. Certain, désormais, qu’il rendrait cet argent, destiné à son sauvetage, il avait acquitté le chèque. En même temps, avec ce qui lui restait en poche, il avait payé dans la journée les factures traînantes aux Champs-Élysées et remercié les serviteurs. Quand le train partit (c’était le grand train du matin, le luxe qui s’en va vers dix heures), il emportait intégralement la somme envoyée par son ami. Vers le soir, la nuit précoce déjà depuis longtemps tombée, ils arrivèrent’à Arcachon. Il était naturel, gai, presque joyeux et toujours l’amant le plus empressé.

Ils descendirent à l’hôtel Victoria. Aux colliers de lady Oswill, le directeur discerna la fortune de ses hôtes. Il les installa de son mieux. La maison était provinciale, tranquille dans cette saison d’hiver. L’hôte était un artiste peintre, un blessé de guerre, que sa blessure au bras droit avait décidé à se faire hôtelier. Il avait l’art de paraître joyeux. Son accueil, rempli de bonne humeur, amusa Stéphane. Il ne tarda point à leur montrer les peintures murales qu’il avait exécutées lui-même et il dit que l’avantage de