d’autres univers, en quelques secondes, on revoit tout de celui-ci. Nous sommes si heureux dans cette maison ! Ce domaine, c’est tellement toi ! Je veux l’avoir dans le cerveau.
Elle rit et elle lui cria, comme déjà une fois à Paris :
— Tu es trop compliqué pour moi. Sois simple. Je suis une paysanne, moi, une bonne paysanne d’Oloron.
Il répondit :
— Oui… une paysanne que j’ai rencontrée à Biarritz.
Ils furent graves soudain. Ils comprirent qu’ensemble ils évoquaient la même minute et qu’elle était vivante.
— Tu vois, dit-il, j’ai raison. Il faut accrocher les choses dans sa tête et faire de sa tête un musée. Mais il faut aussi connaître où elles sont, pour les revoir, où se les cacher à son gré.
— Il faut le pouvoir, murmura-t-elle.
Il répondit :
— Maintenant, je le peux.
Quelquefois, ils allaient eux-mêmes jusqu’à Pau. Une après-midi, elle y fit deux visites et, tandis qu’elle les faisait, il se promenait seul sur le boulevard des Pyrénées.
L’hiver avait une limpidité de printemps. À peine, en face, avait-il dépouillé les collines de Jurançon, parées de vignes agréables et de bos-