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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/259

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l’homme à l’hispano

tenant, celle qui était tombée se congelait sur le parc et lui donnait un aspect inattendu de paysage du Nord. Des troupeaux d’oiseaux avaient traversé le ciel.

— Nos invités souffriront du verglas sur la route, remarqua Stéphane,

Comme ils l’avaient projeté, elle donnait le souper. Elle avait convié Pascaline Rareteyre, les de Lutze, Cinégiak, Baragnas, et quelques autres. On leur avait préparé des appartements. Ils passeraient vingt-quatre heures au château. Et Dewalter attendait Montnormand. Mais Stéphane, certaine d’être bien servie, ayant repeuplé la cuisine et les offices, ne s’occupait pas de la réception. Elle ne pensait qu’à la promenade qu’elle venait de faire avec son ami.

— C’était beau, n’est-ce pas ? dit-elle.

— Oui, répondit Dewalter. Ce grand sol honnête que nous foulions, les chênes immobiles, tout autour la terre recueillie… la nuit… et tout le ciel entre les murs !…

Il parlait gravement, avec une expression sereine, debout devant elle, assise dans un grand fauteuil du salon d’entrée. L’air froid avait fait affluer le sang à leurs visages. Elle était belle, d’une beauté éclatante et joyeuse. Elle s’exprima :

— Il est exaltant de frapper du pied le sol natal qui vous appartient. Je plains ceux qui n’ont pas la saine sensation de la propriété.

— Ils sont à plaindre, dit-il.