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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/292

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l’homme à l’hispano

— Vous voilà ! dit-il avec satisfaction. Je croyais que vous m’aviez oublié.

— Vous voyez que non, répondit Georges. Je ne dirai pas que je n’ai pensé qu’à vous, mais presque.

Et, dans le fumoir, il entra le premier, passant devant l’Anglais avec délibération. Montnormand resta dans le corridor. Il avait remplacé Antoinette et, comme elle tout à l’heure, il voyait de loin sans entendre.


Le fumoir était une pièce exiguë qu’on avait meublée, sous Charles X, de vieux fauteuils espagnols. Les cuirs étaient beaux, lustrés par le temps. Et c’était aussi une bibliothèque. Des frises de reliures de choix couraient le long des murs et sur ces murs tombaient de lourdes tapisseries, dont les sujets étaient empruntés à des exploits de chevalerie. Cela faisait penser à quelque coin d’étude dans un Escorial. Une odeur de tabac de Virginie, apportée par la pipe d’Oswill, semblait mal placée dans ce milieu, étonnante comme une mélodie anglaise au milieu d’un oratorio. En entrant, seul, tout à l’heure, Oswill avait essayé vainement d’éclairer : un court-circuit, depuis longtemps sans doute, avait arrêté la force électrique dans la pièce inutilisée. Oswill alluma les bougies d’un candélabre et attendit. Par la fenêtre, il voyait les reflets lointains du salon illuminé, le salon