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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/48

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L’HOMME À L’HISPANO

Et j’ai été me loger au Terminus pour attendre. Et vous savez, la solitude, au Terminus !… Et alors, — admirez ça, — je suis tombé sur un camarade, un camarade de guerre, Deléone…

— Deléone ?

— Oui, il s’appelle Deléone. Vous voyez, je vous dis tout.

— Je le connais un peu.

— Sa femme vit à Biarritz où elle soigne ses enfants… Lui, à Paris, où il fait la noce. Il m’a raconté tout ça. Il venait d’acheter une Hispano pour en faire cadeau à une femme, — je ne sais à qui, — une danseuse qu’il entretient… enfin, une poule, comme il dit… Il est très riche, Deléone…

Oswill ricana :

— Pas très riche… Enfin, il a de quoi offrir une Hispano à une poule, — ou la prêter à un ami.

Dewalter s’arrêta de marcher :

— Il ne me l’a pas prêtée. Oh ! non… Deléone ne sait rien de moi. Il m’a connu sur les lignes. Et là, même uniforme, même vie, intimité… mais, au fond étrangers… deux étrangers de la même patrie… Bref, Deléone ignore si je suis riche ou non. Il sait que je suis brave et que j’aime la vie. C’est tout. Je le rencontre à Bordeaux. Je dis : « Je vais au Sénégal ». Il ricane : « Tu vas à la chasse, veinard ! profiteur ! Citroën ! » Je ne réponds pas. Je dis : « Je suis en panne.