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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/66

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L’HOMME À L’HISPANO

passive et d’une hostilité qui croisait le fer. À son tour, il engagea l’épée. Il le fit méchamment, désireux de l’humilier, en même temps que d’exprimer sa pensée. Il parlait d’une voix massive :

— Quand je vous ai épousée, j’ai été très content… oui… Dans ce temps-là je voulais vous avoir et je savais que je ne pouvais pas faire autrement. Vous étiez honnête, irréprochable et, de plus, aussi riche que moi…

Il se targuait d’être un véridique. Amateur de femmes, il payait. Il avait regretté que la descendante vingt fois millionnaire des Coulevaï n’eût pas été la fille chaussée de sandales d’un résinier. La transaction eût été plus simple. Aujourd’hui, rageur devant le refus, il le disait crûment ;

— J’ai été très content, oui, mais je n’ai pas dit que j’étais amoureux de vous. Vous avez peut-être pensé que je le deviendrais ? Non. Je suis comme tout le monde : je n’aime que moi. Seulement, moi, je le dis ! Alors, vous avez été déçue… parce que vous êtes habituée aux fables depuis que petite fille…

Méprisante, elle l’écoutait sans daigner une syllabe. Il précisait encore :

— Quand je vous ai trompée, je vous ai demandé de ne pas divorcer… Je savais que, fatalement, vous seriez tombée sur un autre, aussi dégoûtant que moi-même, mais moins