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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/82

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L’HOMME À L’HISPANO

sur votre cou, ce parfum… Comment appelez-vous ce parfum ?

Elle dit :

— C’est de l’ambre antique. Vous connaissez bien.

Il répondit naïvement, frémissant et presque penché vers elle :

— Non, je ne connaissais pas.

Il la respirait et il continua, avec une ardeur concentrée, humant l’effluve savante :

— Ah ! que je voudrais l’emporter.

— Pourquoi l’emporter ? Allez-vous partir ?…

— Il faudra bien que je parte.

— Pas tout de suite, j’imagine ?

— Non, pas tout de suite, non.

Rassurée, elle souriait davantage, tranquille. Et lui, il se disait qu’il ne mentait point, qu’il prolongerait la halte quelques jours, quelques pauvres jours, afin de les emporter là-bas, loin, loin. Et pendant de courts instants, il goûta une joie pleine, radieuse comme la lune qui montait. Pourtant, il restait stupéfait de ce qui lui était advenu. Après un temps, il l’interrogea :

— Pourquoi ? Pourquoi avez-vous eu tant de bonté pour moi ? À la première minute, dès le premier regard, vous en avez eu…

Elle songea que c’était vrai. Et il lui dit qu’il la croyait presque dure avec les autres. Elle pensa tout haut :

— Pas dure, en vérité. Non, rien. Je ne les