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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/89

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L’HOMME À L’HISPANO

qu’un et qu’Oswill avait raison, toujours raison. Au retour, il ne doutait pas de la retrouver, déchue d’une illusion, assagie, l’imposteur chassé, disparu après avoir donné la leçon.

L’idée ne lui venait pas que sa femme irait jusqu’aux limites de la défaillance et les franchirait. Il l’avait salie autrefois, outragée ; il avait voulu lui appliquer les méthodes qu’il employait avec les filles. Il l’avait trouvée rebelle. Depuis, il la respectait, toujours étonné. Il la croyait incapable d’une faute. Il ne savait pas que les honnêtes femmes tombent parfois comme l’éclair et qu’il peut suffire d’un soir d’orage dans le ciel ou d’un jour de pluie dans leur cœur.

Il pensait seulement qu’elle se meurtrirait. Et, de cela, il n’avait cure. Tout ensemble rageur et enchanté, il filait sur la route, en bolide, sans prendre garde aux obstacles vivants, parce qu’il était assuré. Or, à Hendaye, ce jour-là, comme elle l’avait décidé, Stéphane fut la maîtresse de Georges Dewalter. Elle se donna sans restrictions, pure, apportant tout son espoir et l’orgueil d’être belle dans le don précieux qu’elle lui consentait. Étrangère au seul homme qui l’avait possédée, libre en conscience, elle avait la sensation que sa vie commençait et qu’elle venait enfin d’être épousée.

Quand Dewalter se retrouva seul, le même soir à Biarritz, dans sa chambre du Palais, il évoqua Stéphane étendue sur le lit et il pleura… Il