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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/91

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L’HOMME À L’HISPANO

qu’elle restait et qu’il allait partir ; qu’il serait vite effacé de ce cerveau de femme, tandis que lui, jamais plus il ne l’oublierait. Il s’accrocha à cette idée désespérément ; il ne fut plus possédé que par son propre chagrin ; il arriva à le savourer avec lenteur et, pendant une heure, son désespoir s’engourdit. Il était affalé sur le tapis de la chambre, le visage enfoui dans ses bras et les bras posés sur un fauteuil. Sous ses yeux les larmes se séchaient et laissaient des traces amères…

Le téléphone retentit.

D’abord, il ne bougea point. Il ne connaissait personne. Il crut à une erreur. Mais la sonnerie insista. Alors il pensa que c’était Deléone, qu’il voulait lui parler de la voiture et lui donner des instructions. Il répondit à l’appareil. Le cœur saccagé, il entendit Stéphane…

Elle lui dit qu’elle était seule, qu’il était onze heures et qu’elle serait heureuse qu’il vînt quelques instants auprès d’elle. Elle ne voulait point s’endormir sans l’avoir revu. L’écoutant sans la contempler, il perçut combien sa voix était merveilleuse.

La conversation cessa.

Déjà, il obéissait.

Il s’habilla de son smoking, ne voulant point avoir à dire qu’il n’avait pas dîné ; il effaça de lui les stigmates douloureux ; il fut pareil à tous, élégant et joli garçon. Ironiquement, dans la glace, il se sourit et descendit. Il traversa le hall, encombré d’une foule élégante et joyeuse. C’était